Seal Phüric : « Phonic sins » - Bruits de Fond 05.1 / Snel 01 (2004)

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C'est le premier volume d’une collaboration à tirage confidentiel entre le breton Bruits de Fond et le bruxellois Ambivalence, présentant des travaux pour la plupart inédits de Seal Phüric, artiste emblématique d’une certaine scène électronique européenne du milieu des années 90. Son parcours de DJ, souvent hors des sentiers battus, a grandement contribué à populariser la musique d’Aphex Twin et Squarepusher sur les dancefloors, tandis que son travail de compositeur et de directeur artistique de la division « Ambient » du célèbre label Reload a permis de dresser des passerelles entre la musique dite « expérimentale » et le son « Techno ».

 

phonic_sins.jpg « Phonic Sins » est une compilation de travaux de commande pour les spectacles de Claudio Bernardo, chorégraphe d’origine brésilienne avec qui Seal Phüric collabore depuis 1998. Les morceaux qu’elle regroupe sont donc des compositions personnelles extraites de bandes-sons conçues par Seal Phüric sur la base de sujets dont la dramaturgie était chaque fois déterminée par le chorégraphe. Cinq spectacles ainsi mis en scène sont ici représentés par le vecteur sonore, par ailleurs suffisamment évocateur pour que l’écoute puisse se passer de la partie visuelle.

Prenant part dans l’évolution de Seal Phüric vers des musiques plus conceptuelles, ces œuvres sont marquées par la volonté de s’essayer à des mises en formes aventureuses et des rencontres sonore inédites.

Ainsi, « O’Sacrificio », étude autour d’une portion du « Sacre du Printemps » d’Igor Stravinsky, inclut une approche de DJing par l’adjonction d’extraits musicaux que Seal Phüric affectionne particulièrement et juge représentatif de la scène électronique d’avant garde, le chorégraphe ayant souhaité mettre en exergue la persistance du rituel exprimé par Stravinsky dans le mouvement dit « Techno ».

« Hobos » et « Missao » sont, eux, tirés de la bande-son de « O’Archivo e a missao », étude autour d’archives sonores de peuplades « primitives » brésiliennes réalisées dans les années 50.

Enfin, « Hype’s nose » est tiré de la bande-son « Paixão », étude autour de « La passion selon Saint Matthieu » de Bach.

Reviews

Seal Phüric est belge, ambivalence est son bébé. Ce disque a été coproduit par le lorientais Bruits de fond , ex (ou toujours ???) L'Ultime Atome , fanzine électro décalé dans l'expérimental et ayant officié de fort belle manière à la fin des années 90 / début 2000... Que devient il d'ailleurs ? Plus le temps ? Ce disque se veut une compilation de tous les élans chorégraphiques du brésilien Claudio Bernardo qui a commandé quelques musiques estampillées électro pour ses projets de danses. Une réussite. Graissage de pattes. Ca glisse. Un premier morceau pour mettre en jambe, ambiance noire, de l'usine, du glauque, indus gentil ponctué par ces lourds coups de timballes. Les babines sont ravies mais en demandent plus. Le deuxième morceau et la suite du disque font vibrer les neurones, l'influx nerveux se veut violent, le choc électrique est catalysé par ces violons, ces lourds coups de tambours, ces voix au loin... Un requiem des temps modernes. Tout trafiqué. Le cerveau plonge. J'adhère. Dédale de violons, travail expérimental sur le terrible Sacre du printemps de Stravinsky. Atmopshère et violence latente. Puissance. Tout le classique sans ses frisettes, toute l'énergie de la musique électronique au service du bon goût. J'espère qu'au moins la danse fût aussi moderne que cette musique.

Erwan - STNT

 

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