Carriegoss - « TOUCH » - Bruits de Fond 27 (2021)

Carriegoss est le projet solo électronique basé à Rennes de Gwladys Orbs. Celui-ci a débuté en 2018, portée par l’envie de créer une musique aux teintes minimalistes et surannées.

 

Carriegoss Touch Bruits de Fond 27 2021Dans ses morceaux synth pop aux structures mélodiques, elle combine une nostalgie palpable et des paroles qui narrent tantôt les affres d’un quotidien parfois trop terne, tantôt les joies bancales que dessinent ses songes. A travers la brume qui semble s’échapper de cet EP, Carriegoss invite ses auditeurs à dévoiler leurs romances obscures, à conjurer leurs peines. Ces morceaux résonnent comme dans la moiteur fantasque d’un club démodé posé sur le bord d’une route départementale. Sous les strass pavoisant d’une boule à facette qui déraille, on pourrait apercevoir Sailor et Lula entamant un corps à corps hypnotique.

 

 

 

 

 

 

Tracklisting :

A1-Recluse

A2-Standby

A3-Wonan

B1-Typical

B2-Secret

 

 

 

Crédits :

Mastering : Luc Rougy / Ariaz

Illustration : Badame Lambasadrise

 

 

 

Labels :

La Manufacture des Bruits de Fond

Les Disques Anonymes

Et Mon Cul C’est Du Tofu?

L’Etourneur

Prix Libre Record

L’Effroyable Association des Satanistes Soviétiques de l’Ouest

Amour et Tétanos

 

 

 

Carriegoss Touch Bruits de Fond 27 2021 Bside

 


Liens :

https://carriegoss.bandcamp.com

https://soundcloud.com/carriegoss

 

 

 

 

 

Chroniques / reviews :

Rennaise plutôt à l’aise, Carriegoss mène sa barque seule. Le procédé lui a déjà permis de sortir quelques ep’s aux reflets musicaux variés, ayant pour trait commun la synth-wave et un penchant cold avéré. Le dernier d’entre eux, TOUCH, présente 5 titres où la vapeur des synthé, leur brume dans laquelle on aime à se fondre, souligne un chant un brin insurgé, “nuageux” aussi, qui ne manque pas de faire effet. De la cité bretonne sortent bon nombre de formations méritoires, Carriegoss est à inscrire dans ce lot et son TOUCH entraînant lui apportera à coup sûr un crédit certain. Très active, la Dame est en phase avec ses machines et en tire de jolies trames, prenantes (Typical). Elle baigne d’ailleurs dans le milieu du son, tirant de la dite situation la dextérité inhérente à ses travaux. Offensive sur d’autres sorties, elle se fait ici plus un peu plus céleste, tout en restant alerte. Ca prend, on se laisse porter sans difficultés. Standby, sur ses sonorités introductives, rappelle un morceau de The Cure. Carriegoss en reprend à son compte les atours cold mais s’affaire avant tout à créer ses propres esquisses, à parfaire une identité déjà bien plantée. Son parti-pris DIY la rend d’autant plus authentique et créative, le fruit de ses efforts n’est par conséquent du à rien d’autre que son savoir-faire. Elle en a, à revendre, et le met au service de créations de bonne facture en attendant, on l’espère, un album. Il tiendrait assurément la route et pour l’heure, TOUCH virevolte et parfait sa carte de visite. L’introductif Secret, telle une trouée dans le cosmos, stimule déjà l’esprit, paralyse toute faculté de résistance.

Wonan, un tantinet dépaysant, groove sous l’impulsion de la basse que rejoignent des motifs de synthés guillerets. On se retrouve, à nouveau, plongé dans un délicieux halo sonore. On traverse la nuit, qu’on imagine créative pour elle, avec Carriegoss. Ses trips sont par ailleurs de nature diverse, en ce sens je ne saurai que trop vous conseiller d’aller fouiner dans sa discographie. On s’y fait bouger, on y rassasie notre soif de bruits hors-cadre. Sur ce TOUCH, un essai dans la langue de Molière vient clore les réjouissances. Tubesque ou presque, voilà l genre de titre qui mériterait de squatter, lui aussi, les lecteurs ou playlists d’ici et d’ailleurs. Chemin de croix, c’est son ptit nom, assied l’unité de l’EP et textuellement, renvoie du sens. Carriegoss plante là une banderille qui jalonne un parcours dont émanent des promesses évidentes. Et qui, au delà de la qualité des sorties, s’annonce divers du point de vue des genres abordés, sans porter atteinte à la cohérence des labeurs, et prolifique.

Bien ancrée dans le milieu, agile dans ce qu’elle entreprend, Carriegoss mérite par conséquent les égards et n’a sûrement pas fini, eu…égard à ce qu’elle propose jusqu’alors, d’attiser les sens de celles et ceux qui, avisés, prêtent régulièrement l’oreille aux sons singuliers.

Will Dum - Muzzart

 

Jusque-là, je ne connaissais absolument pas et pourtant, déjà plusieurs sorties depuis 2019. Celle qui nous intéresse ici a déjà plus d’une année au compteur mais comme elle a vu le jour en plein milieu du premier confinement, période pour le moins bouleversée, il a fallu attendre sa sortie en vinyle (agrémentée d’un titre supplémentaire et d’une tracklist du coup chamboulée) et son apparition sur les bandcamp de Bruits de Fond et feu Et Mon Cul C’est Du Tofu (entre autres) pour qu’elle atteigne mon clavier.
Touch donc, nouvel EP de Carriegoss, « solo musique » plutôt froide mais pas vraiment désespérée que l’on qualifiera prudemment de synthwave même si, encore une fois, le jeu des étiquettes, hein… J’ai d’abord été très attiré par la pochette signée Badame L’Ambasadrise rappelant évidemment celle de Noires Sont Les Galaxies d’Ex Fulgur même si on n’est pas vraiment dans le même créneau musical, quoique. Ensuite, je suis assez facilement tombé dans les filets d’un titre comme Recluse planqué au mitan du disque par exemple (et déjà entendu sur la Compilation Confiné-e Records CR07). Un morceau qui s’appuie sur des nappes enveloppantes et un carillon primesautier s’opposant à la voix désincarnée. Et puis l’évidence mélodique aussi. Un chouette morceau qui représente parfaitement la musique sensible de Carriegoss : des machines partout, un clair-obscur très travaillé qui s’accorde autant aux degrés excédentaires qu’aux nuits noires, des textes personnels et des morceaux légers-plombés qui révèlent une belle densité derrière leurs atours sucrés. Il y a, au fond, pas mal d’amertume et de froideur au creux des brumes synthétiques de Carriegoss, un je-ne-sais-quoi qui, une fois associé aux trames plus accortes, accroche beaucoup. Touch marque ainsi par son équilibre au cordeau.

Adepte du D.I.Y., prolifique, on retrouve d’ailleurs la basse et le chant de Carriegoss sur l’éponyme de Torropiscine, sorti lui aussi il n’y a pas si longtemps (et dont on reparlera très vite), et c’est intéressant car même si c’est assez différent (c’est Amy Binouze qui y tient les claviers, Horst du Noch complète le trio à la batterie), il y a quelques réminiscences entre les deux entités, en particulier cette coloration assez sombre évidemment mise bien plus en avant chez les seconds.
Sombre mais, chez Carriegoss, pas moribonde, encore une histoire d’équilibre. Touch exhale des larmes dont la teneur est difficile à identifier : amères mais pas trop, tristes mais tout autant joyeuses, douces et légères et bien froides aussi.
Les nappes-Terminator de Standby tranchent ainsi avec les mots fredonnés et la voix éthérée mais ne les annulent pas et personne ne prend le dessus. Idem du côté de Wonan parcouru d’un vent synthétique strident qui accompagne bien le beat rebondissant, devenant plus martial sur Typical mais adoucit par l’évidence mélodique d’un refrain adhésif quand Secret synthétise tous les aspects développés jusqu’ici, concluant idéalement ce très bel EP.

Touchant et complètement prenant, Touch développe aussi des sonorités qui ramènent pas mal au passé (des accents parfois à la The Cure ou Talk Talk dans son versant le plus pop), à d’autres contrées (il y a un petit côté minimaliste très slave là-derrière) mais sans jamais apparaître comme un succédané, le tout renfermant beaucoup trop de personnalité pour cela.

Du coup, cinq titres qui poussent à écouter tous le autres – il y a une patte certaine dès le début et quand Carriegoss chante en français, c’est tout aussi intéressant – et font évidemment attendre la suite, pourquoi pas sous la forme d’un LP puisqu’il devient clair au terme de l’écoute que la rennaise (Gwladys Orbs de son vrai nom) a encore beaucoup de choses à faire passer.

 leoluce - Des Cendres A La Cave