Mistress Bomb H - « Les nerfs » - Bruits de Fond 29 (2023)

Nouvel album pour Mistress Bomb H et premier format K7. Le titre de l'album, « Les nerfs », n'est pas dû au hasard. La Rennaise est en colère et ça s'entend. Dépeignant une société de plus en plus folle, tout le monde en prend pour son grade : il y en a tellement qui attisent nos nerfs, c'est sûr. La musique est downtempo, dansante, répétitive et corrosive. A voir impérativement sur scène, la Bomb H distribue des uppercuts à tout.e.s les connard.e.s. Point barre.

 

Mistress Bomb H Les Nerfs rectoA1. Ta France

A2. Col blanc

A3. La grogne

A4. La tuerie des prolos

B1. Ensauvagement

B2. Délinquants

B3. Fumiers

 

 

Credits :

All songs written, performed and recorded at home by Mistress Bomb H

Mastered by Vincent Chevalier at Le Café Mixé

Artwork by Ek Dojo // Matthieu Bourel

 

 

Released by :

Kerviniou Recordz - KRDZ 24

La Manufacture des Bruits de Fond - BdF 29

 

 

 Format : K7 - 100 ex. / digital

 

 

Liens :

https://www.lastationservice.org/Mistress-Bomb-H.html

https://www.facebook.com/mistressbombh

https://www.discogs.com/fr/artist/351284-Mistress-Bomb-H

https://www.instagram.com/mistressbombh

 

 

 Videos :

 

 

Chroniques / reviews :

En rogne et disloqué, Les Nerfs. Rien n’y est serein. Les nappes stroboscopiques et plombées virevoltent vers le bas, le beat est martial et les bruits – tout autant que les mots (rares) – fusent comme des balles en caoutchouc.

Mistress Bomb H encapsule dans ses morceaux sa colère, ses dégoûts et le malaise actuel. On y entend très bien les manifestations, les violences policières, le grand mépris, ce que ça produit sur elle, ce qu’elle en ressent et ce qu’elle en pense. Avec concision – toujours – parce que sa musique et ses constructions rehaussées de quelques cris captés dans les cortèges, de quelques mots répétés à l’envie ou d’un fragment de discours politique parlent pour elle et suffisent à dévoiler sa pensée. Inutile d’en dire trop et d’être ouvertement didactique quand on en dit déjà bien assez. Le tout avec toujours beaucoup d’élégance et de justesse afin que le message n’écrase jamais ce qui l’entoure.

Les Nerfs pour danser tout en dressant les bras et le majeur bien haut. Les Nerfs peut-être pour expulser (Ta France, Fumiers) mais sans doute aussi pour témoigner et rendre compte (La Grogne) ou ironiser (Col Blanc, Ensauvagement). Ce n’est pas sans nuances et ce n’est jamais un simple matraquage. Il y a des pleins et des déliés et si la hargne est bien réelle, elle n’annihile pas l’intellect. C’est une colère froide, distanciée – une constance chez Mistress Bomb H – qui court-circuite les aplats monochromes et leur préfère les palettes plus profondes.

Ce n’est donc ni un pamphlet ni un tract politique et encore moins une profession de foi, c’est un peu tout ça à la fois mais sans jamais être strictement l’un ou l’autre. Quand les mots sont en avant, la musique abandonne la place en se tenant légèrement en retrait, jamais bien loin et quand ils sont absents, l’électro montre les crocs. La guitare crie ou s’immisce, les nappes inquiètes font front ou suggèrent, le beat scande ou s’aplatit, la freeture bourdonne ou fuse et l’ensemble construit sept morceaux accaparants.

Il en résulte un tapis en charpie, disloqué mais qui a bien de la gueule et Les Nerfs rejoint sans problème Say It Loud – I’m Girl And I’m Proud ou encore 9 Pictures dans une discographie certes rare mais toujours magistrale.

leoluce - Des Cendres A La Cave

 

Mistress Bomb H, son électro triturée, elle fait du bien. Elle dénonce, on est pas sorti des ronces mais avec elle au moins, on tend le poing. Les Nerfs nous les met, au son de Ta France on s’en branle carrément. Ca s’annonce révolté, un brin lunaire, au bord de l’indus tantôt, offensif dans le mot. Et inspiré, de dans les sphères du tunnel de l’underground. Enfin, un truc comme ça. Ta France. Ridicule. Exactement, Mistress! Electro en syncopes, jouissive. Col blanc, gorgé d’acide, de sons en loopings, de percus de la rue. Mistress Bomb H, sa cible, c’est les faux et les enculés. Les embourgeoisés, tiens donc ça rime! Forcément, y’a matière. En ruades psychiatriques, le morceau déjante. Et nous avec. Dans c’te patrie, t’façon, mieux vaut quitter la route. Avec Mistress Bomb H, tant qu’à faire, histoire de déverser. Son chant entre en guerre, ses nappes envahissent l’espace. La grogne, bave aux lèvres. Là aussi, électro sinueuse et surtout pas silencieuse.

Manquerait plus qu’elle la ferme, tiens! As-tu bien entendu, le bruit de la grogne? Tends l’oreille gros, ça vaut l’détour! La tuerie des prolos, froid et soniquement marquant, en remet une couche. Il sonne le glas, d’un pays pourri. Ensauvagement, chanté par Darmanin, s’élève très haut. Bien plus que lui, en tous les cas. Il est céleste, nourri de boucles obsédantes à la répétition rouillée. Moi j’adore, on ne sera qu’une poignée (quoique..) mais au moins, nos goûts seront vrais. Déferlent, d’un peu partout, les bruits gris. Les voix, jamais rangées. Sau-sau-sau, sauvaaage! Mistress nous injecte notre dose, vitale, de poison sonore. On en redemande, on a Les Nerfs bordel!

Délinquants, pas très sage, nous exauce. Je précise avant d’oublier, élément de taille, que la cassette sort chez Kerviniou, au fond d’une ruelle étroite, et chez Bruits de Fond. A l’ancienne, tu peux aussi la choper à ses lives. En attendant Délinquants, la police aux trousses, allume le brasier et fait dévier ses vocaux. Putain bordel, c’est la fin Sérafin! Avant ça Fumiers, giclée boueuse émaillée de voix lyriques ou pas loin, produit un effet sale. Il s’éthère, avec lui Les Nerfs prend fin et ne laisse personne sur sa faim.

Will Dum - Muzzart

 

 

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