Nous ne nous attendions pas à devoir alimenter la rubrique nécro plus souvent que celle consacrée à nos nouvelles réalisations. Mais la mort en a décidé autrement.

Yann "Dub" De Kéroullas était un artisan. Passionné, acharné, hors-norme. Travailler avec lui relevait du défi. Pour les nerfs, parfois même pour le porte monnaie. Avec son studio Reverse Primecut, on s'est vu faire jusqu'à trois laques pour la gravure d'une seule face de vinyle, tant son envie de pousser le plastique - et son matériel - dans ses retranchements pour en obtenir le meilleur dépassait la raison. Mais on lui faisait confiance. Il faut dire que le son des Bruits de Fond sur galettes noires lui est très largement redevable. Comme beaucoup de labels de musiques électroniques extrêmes, entre autres.

C'est peu dire que sa disparition en cette fin d'été 2013 nous affecte. Nous pensons à sa famille, à son frère Hervé - responsable du studio DK à Paris - à sa fille Alia et à ses proches à Barcelone.

Une fête était prévue avec Yann à l'affiche, le 19 octobre prochain à La Carène de Brest, sa ville natale. Nous avions les uns et les autres hâte de nous y retrouver, ça faisait tellement longtemps...

Cette soirée "Play it loud !" aura bien lieu, mais en son hommage. Mistress Bomb H & Jean Ferraille feront résonner le port du Ponant de leur heavy electro downtempo rageur.

Gageons que Yann sera aussi là, quelque part, le cœur et l'esprit en fusion.

 

"Et soudain, mon esprit se réveille" - Yann Dub, « Terminal opium bomb », 1998.

 

La Manufacture des Bruits de Fond a été créée un peu sur un coup de tête. Une histoire d'enregistrements qui allaient rester moisir au fond d'un disque dur, alors qu'on les trouvait dignes d'intérêt. Et puis il y avait cet ovni, à mi-chemin entre electrocore et chanson française. Personne n'y croyait trop, d'ailleurs pas même nos amis. Mais on s'était laissé séduire. Par la musique et par le personnage, Boris "Saoulaterre" Domalain. Prince des catas, allumé notoire, ayant fait du Politox Entertainment un art de vivre. C'était en 2000 ou 2001. Risbo avait alors dégoté une chanteuse issue du milieu de la comédie musicale, Ann'So, pour ce qui allait brièvement devenir D'Eux, ce projet hors norme, resté unique en son genre. Quelques concerts - nous n'en avons même pas vu un ! - et un disque « Entre deux os », publié par nos soins sous la référence Bruits de Fond 02. Un bide monumental ! Mais aucun regret. La Manufacture des Bruits de Fond était lancée. Chouette aventure, finalement, douze ans plus tard. Nous la devons ainsi largement à Boris. Celui-ci nous a quittés vendredi 5 juillet 2013. Au delà de ce disque, il nous lègue une œuvre sonore atypique, poétique, délirante, joyeuse, furieuse, entre génie et fumisterie. Hardcore, pour de vrai, à la vie, à la mort !
Bon nombre de références sont encore disponibles notamment chez Toolbox. Et, pour les choses plus récentes, sur son compte soundcloud. Il nous laisse aussi des souvenirs impérissables de fêtes sauvages dont lui seul avait le secret, de déconnes psychédéliques, de graffitis labellisés UHT et encore d'incroyables virées dans les boyaux du sous-sol parisien avec sa bande peu recommandable des FC. Tout cela va nous manquer. Boris nous manque déjà.

Merci et adieu l'ami.

 

Nous vous l'avions promis il y a quelques semaines. Voici « I hear voices », un mix de près d'une heure et demie signé Tzii et sous-titré « The wonderful story of life ». Vaste programme et pari tenu. Embrassant avec passion la culture du cut-up et avec, vous l'aurez compris, les spoken words sous toutes leurs facettes comme fil conducteur, il nous entraîne dans une étourdissante ronde 100% vinylique. Attachez vos ceintures !

 

Dig it!, cinquième volume. Imaginez. Un mix qui vous conduit de Somatic Responses à Xanopticon via 35 autres projets tout aussi captivants. On ne va pas se mentir, c'est ça qu'on aime vraiment. Affranchi des contraintes techniques par l'outil numérique, DJ Oblique se fait en effet remarquable par sa capacité à mobiliser les plus audacieux trafiquants de rythmes, les savants manipulateurs de fréquences, les forgerons de l'immatériel, les bûcherons du groove.

 

Vous aussi, ça vous chauffe ? Branchez-vous donc sur le « Death canal ». Et dansez jusqu'à l'étourdissement !